Mon radeau est prêt pour la traversée, c’est dangereux, mais je dois partir si je ne veux pas mourir seule ici. La mer a l’air calme. Des gens ont peut-être survécu sur le continent alors que sur mon île, je n’ai vu personne depuis des années. Les bombardements ont tout rendu méconnaissable, j’ai été épargnée, car j’étais en mission seule dans le Nord de l’île, mais toutes les villes du Sud sont vide et en ruine. Je suis la dernière femme de mon pays et je suis prête à tout tenter, pour ne pas être la dernière femme sur Terre.

La traversée est éprouvante mais la terre est maintenant en vue, j’ai passé cinq jours sur mon radeau et n’ai plus ni eau, ni nourriture.  Au loin se dessinent des immeubles dans la brume qui assombrit le ciel, j’arrive près d’une ville, la chance me sourit peut-être enfin. Moi qui aimais être seule, je ne le supporte plus, j’ai survécu, mais j’ai perdu tous ceux que je connaissais. Il me faut deux jours de marche pour atteindre la ville, je suis pleine d’espoir cela fait sept ans que je n’ai vu personne. Il y a du mouvement au-dessus d’un immeuble, mon cœur saute de joie et je cours.

Mais une fois les premières maisons passées, le malaise commence, tout est vide, décrépis. J’appelle désespérément au milieu des gratte-ciel vide, tout est détruit ici aussi, personne. Seule. Au milieu de la ville, c’est encore pire, toute cette vie presque tangible anéantie, détruite. Les seuls mouvements sont ceux des drapeaux et des éoliennes qui grincent dans le vent.

Je passe la nuit dans ce qui devait être un salon de thé, j’ai trouvé des choses à manger et un abri pour la nuit. C’est triste de voir tous ces lieux un jour plein de vie, désespérément vide.

Le matin est tout aussi déprimant, mais je ne peux pas abandonner maintenant et marche dans la ville. Une grande explosion au loin me fait sursauter et des geysers de feu apparaissent, il ne manquait plus que cela, un volcan en éruption !

Je cours le plus vite que je peux dans la direction opposée, entre les carcasses de voitures abandonnées sur la route. Le feu a gagné les premiers immeubles, certains s’effondrent avec fracas. De la lave arrive au loin et avance beaucoup plus vite que moi, je ne m’en sortirai pas comme ça. Je cours vers un grand gratte-ciel en béton, il a l’air solide et je grimpe les escaliers à perdre haleine. Le temps que j’atteigne le sommet, les rues ne sont plus que des rivières éblouissantes. Je suis encerclée, pourvu que ma tour tienne. Des rochers énormes sont projetés du volcan, le bâtiment d’à côté s’effondre manquant d’un mètre mon abri. C’est la fin, je suis la suivante.

Mon gratte-ciel a tenu bon, je suis entourée de lave refroidissante, la moitié de la ville est détruite par la lave ou les projectiles du volcan. Un bourdonnement monte dans le ciel, un hélicoptère !

Un homme descend, le premier que je vois en sept ans ! Je ne pensais pas que je serais un jour contente de voir quelqu’un à ce point.

– Madame que faites vous ici, la zone est interdite depuis la première éruption !

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Catégories : Micro-fiction

rosesteinmetz

J’aime lire et raconter des histoires depuis toujours. Le mélange entre mon éducation scientifique et ma passion pour l’écriture m’a conduite à écrire de la science-fiction, mais aussi des histoires pour enfants. Mon but est de vous amener dans un autre monde parfois surprenant, mais toujours en prise avec la réalité. Passionnée de lecture, de yoga et de cuisine, je passe mon temps entre mes deux enfants et mes livres.

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